Daily Bread s’inscrit dans le sillage d’un monde intérieur en lutte, où la parole féminine devient matière vive, à la fois blessure et tentative de réparation. Cette vidéo-performance documentarisée, se déploie en trois temps, comme un triptyque existentiel, révélant la spirale silencieuse d’une femme confrontée à l’effacement systémique de sa voix dans une société profondément patriarcale.

Dans un premier geste, elle écrit- une écriture fragile, vitale, presque sacré, comme si chaque mot arraché à son silence devenait acte de survie. Vient ensuite la phase du déchirement: les mots, trop lourds pour le monde qui les entoure, sont réduits à néant, lacérés par les mains même qui les ont portés.

Puis, dans un mouvement déroutant, libératoire, elle ingère ses propres textes: la parole étouffée devient nourriture, le pain sacré, l’intime se fait chair, la pensée se réapproprie le corps. Ce geste extrême est une métaphore puissant de la digestion intérieure des mots interdits, de la transformation du silence imposé en puissance latente.

Daily Bread explore la naissance cyclique du langage féminin comme obsession, comme répétition inévitable, et comme acte de résistance. Cette œuvre met à nu les territoires psychique d’une femme, traversée par les injonctions, mais habitée d’un feu tenace: celui de continuer à dire, à s’écrire, pour survivre même dans l’ombre.