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Voix Privée

La Censure Vocale et l’Intrusion Symbolique

Dans certaines cultures patriarcales, comme celle de l’Iran, des pratiques singulières ont été mises en place pour protéger la pudeur des femmes, en leur imposant des restrictions non seulement physiques mais aussi vocales. L’une des pratiques décrites consistait pour les femmes à parler depuis une autre pièce avec les invités masculins, en déformant leur voix en enfonçant leurs doigts dans la bouche. Cette distorsion volontaire visait à rendre leur voix méconnaissable, évitant toute excitation masculine à la simple écoute de leur voix naturelle.

Cette censure sonore, sous couvert de modestie, relève d’un contrôle extrême sur le corps féminin, y compris sur l’aspect intangible de leur expression vocale.

Dans Voix Privée, Mozhgan Erfani met en lumière cette dynamique de censure, en montrant que la simple parole de la femme devient elle-même objet de régulation et de répression. La voix féminine, pourtant immatérielle, est ici perçue comme une extension du corps, susceptible de provoquer un désir inacceptable, et donc à déformer.
En analysant cette pratique, l’artiste expose une violence symbolique qui va au-delà de la simple interdiction : l’acte d’enfoncer les doigts dans la bouche devient un geste de pénétration symbolique.
En forçant les femmes à modifier leur propre voix, c’est leur corps tout entier qui est soumis à un contrôle. Ce paradoxe - où la distorsion de la voix devient une intrusion violente - est au cœur de l’œuvre de Mozhgan Erfani.

Cet acte, loin d’être simplement protecteur ou anodin, révèle une forme d’oppression plus profonde, où le corps féminin est non seulement objectifié mais aussi pénétré symboliquement par l’ordre patriarcal. La voix, censée être un moyen d’expression personnelle, se transforme en un instrument de soumission.
Mozhgan Erfani, à travers Voix Privée, illustre ce conflit entre la liberté d’expression et la censure traditionnelle, rappelant que la voix, même dématérialisée, peut être soumise aux mêmes formes de répression que le corps.
Ainsi, Voix Privée interroge non seulement la condition des femmes en Iran, mais aussi la
manière dont le pouvoir s’exerce à travers des pratiques de contrôle qui touchent aux aspects les plus intimes de l’existence féminine, y compris la parole. L’œuvre de Mozhgan Erfani invite à réfléchir sur la portée de cette censure, qui s’étend au-delà des gestes visibles pour pénétrer l’identité et la subjectivité même des femmes.