Personal Tombstone
Créée dans le cadre de l’exposition Pierre Tomable au musée d’art contemporain d’Oroumieh (Iran), Personal Tombstone est une vidéo-installation conçue pour être projetée au sol, en taille réelle, dans un espace isolé. Ce dispositif invite à une forme de méditation silencieuse, presque rituelle. L’œuvre, à la fois intime et politique, a également été présentée aux musées d’art contemporain de Tabriz et de Téhéran en 2018.
Dans une esthétique dominée par les blancs et les nuances de gris et de noir, Personal Tombstone propose une réflexion radicale sur la négation de l’identité féminine dans les sociétés patriarcales.
L’artiste met en lumière une pratique réelle et choquante : l’effacement du nom propre des femmes sur les pierres tombales, remplacé par leur seule appartenance conjugale. L’impulsion de cette œuvre naît précisément du cas de l’épouse d’un haut dignitaire religieux iranien, dont la stèle funéraire porte uniquement la mention : « l’épouse de l’Ayatollah Alamolhoda ».
Même après la mort, la femme est dépossédée de son nom, donc de son existence.
À travers cette œuvre dépouillée, Mozhgan Erfani revendique le droit fondamental à l’identité, à la reconnaissance, à la mémoire. L’eau — élément central du film — agit comme un contre-pouvoir symbolique. Elle nettoie, apaise, mais surtout restitue : dans ses murmures, c’est une mémoire rendue à celles qu’on a voulu effacer.
Cette œuvre s’inscrit dans une démarche de recherche artistique féminine, qui croise introspection, critique sociale et spiritualité. Personal Tombstone devient ainsi le lieu d’un double enterrement : celui qu’impose la société, et celui que l’artiste transforme en acte de résistance poétique.